Les 5 et 6 mars s'est tenue pour la première fois la conférence nationale sur la pédagogie sociale et spécialisée, sur le thème du travail avec les familles. Cet événement a rassemblé des professionnels issus de la pratique, de la recherche et de l'administration afin de discuter des développements actuels et des défis liés à l'accompagnement des familles.
Lors de l'ouverture du premier jour, Astrid Wüthrich (OFAS) a abordé l'évolution des réalités familiales, souvent mal prises en compte par les règlements existants et les processus administratifs. Dans la continuité, Prof Núria Sanchez Mira a analysé les développements sociodémographiques et souligné la nécessité de renforcer les offres de prise en charge extrafamiliale ainsi que d'améliorer les dispositifs de congé parental. En complément, Lalitha Chamakalayil a illustré la diversité et la flexibilité du concept de famille dans la pratique, et a mis en avant que les configurations familiales résultent de processus de négociation individuels. Enfin, Christa Quick et Martin Nigg ont présenté le concept du Conseil des familles à travers une étude de cas et expliqué comment le réseau social familial peut être mobilisé pour développer des solutions garantissant un accompagnement sûr et bienveillant des enfants et des adolescent·e·s. L'après-midi, les participant·e·s ont eu l'opportunité d'approfondir les thèmes abordés avec Lalitha Chamakalayil ainsi que Christa Quick et Martin Nigg. D'autres ateliers ont été proposés, notamment par Walter Steiner et Marielle Wydler, qui ont discuté des tensions dans le travail avec les familles, en mettant l'accent sur l'influence du "mythe familial" dans la protection de l'enfance. Par ailleurs, Anke Moors de a:primo a présenté le programme national « schritt:weise » visant à renforcer les compétences parentales. La journée s'est terminée par une table ronde animée par Lukas Bendel, Hadja Kaba et Desiree Righetti, qui ont débattu de la reconnaissance de l'engagement familial, de la collaboration participative et de l'accompagnement des jeunes Careleavers.
La deuxième journée était consacrée à la posture des professionnel·le·s et à la (ré)activation de la famille. Jean-Paul Ligier a souligné qu'il n'existe pas de "familles parfaites", mais seulement des familles avec des défis et des ressources différents. Ligier a plaidé pour un équilibre respectueux entre proximité et distance, à la fois professionnel et humain, qui ne peut être atteint qu'au travers d'une réflexion constante. Thomas Tanner a présenté la salle de classe pour les familles de l'école primaire de Kriens comme un modèle favorisant l'intégration et le soutien par les pairs au sein du système éducatif. Enfin, Michael Biene a expliqué le modèle de la thérapie d'interaction systémique, fondé sur la participation active des parents dans la résolution des problèmes de leurs enfants avec un accompagnement professionnel. Lors de la table ronde finale, la discussion a porté sur la manière dont le manque de places en institutions et foyers pourrait être compensé par une plus grande implication des familles et une mise en réseau plus intense entre les différents acteurs. Le colloque s'est terminé par un approfondissement des interventions de Jean-Paul Ligier, Thomas Tanner et Michael Biene, ainsi qu'une discussion organisée par Insieme Genève sur la place des familles dans les réseaux et la pertinence des points de contact externes d’un réseau spécialistes.